Ah, au fait, avant que j'oublie: merci (season finale)

Placide Boucan
3 min ⋅ 28/07/2023

J'ai longtemps réfléchi au sujet que pouvait éventuellement être le dernier article de la saison. J'ai d'abord songé à établir une sorte d'inventaire de ce qui me débectait profondément dans une époque où je peine à trouver une forme de cohérence. Et puis non. Trop cynique. Trop écœurant. Trop pas mal de choses en réalité. Alors j'ai pensé ensuite, forcément, à l'après. À mon retour de vacances. À ce que je pourrais améliorer. Toujours. Quand on tient un blog au 21ème siècle, on est quasiment un sujet obsolète. Un résistant de l'endurance. Un guerrier du tout instantané. Un prêcheur du recul, du temps long. Un dinosaure qui déambule dans l'inconnu en tentant de se prouver qu'il n'est pas en voie d'extinction. 

De fait, j'ai réfléchi à écrire un billet d'adieu. Arrêter afin d'entreprendre d'autres choses. D'autres projets. Ce que j'ai toujours voulu faire et reporté pour des zilliards de raisons; la procrastination n'est pourtant pas ma marque de fabrique. Et puis j'ai pensé. De nouveau. Trop. Ce qui est mon gros problème. Globalement, je suis un gars qui déteste la routine. Mais qui a besoin de stabilité. De repères. D'éléments familiers. L'écriture en est un. L'écriture est un exercice dans lequel je peux tordre le cou à la récurrence et pour lequel, dans le labeur et la recherche du bon mot, je trouve un épanouissement qui peut s'apparenter à de la quiétude. De la sérénité. De la fierté ? Hmmm oui, aussi. On écrit parce qu'il faut que ça sorte. Que ça hurle. Que ça trouve une résonance ailleurs qu'en soi. Et j'ai beau être ce que je suis, je rougis ou suis mal à l'aise devant des compliments.

J'ai fini par trouver. Écrire un article où je remercierais toutes les personnes croisées et/ou qui font ce que je fais aujourd'hui: défendre modestement une certaine idée du partage à l'heure où notre système s'empiffre sur la tête de nous autres, pouilleux qui possédons un vague sens moral qu'on voudrait nous faire croire obsolète. 

Ce blog va donc entrer dans une phase de pause plutôt longue, histoire de faire le focus sur ce qui peut advenir. J'ai plein de rêves, de projets et j'aimerais les accomplir. Je veux apprendre. Être surpris. J'ai encore plein d'articles sous le coude que je n'ai pu accoucher sur papier mais ce n'est pas grave. Un jour. Peut-être. On verra bien.

Je ne pouvais décemment pas me mettre en pause sans citer les individus que je connais de près et de loin (voire seulement de nom) parce qu'ils ne savent pas forcément tout ce qu'ils ont pu être comme apports, soutien et source d'inspirations. Alors pêle-mêle merci Thomas Sinaeve, Pierre Serisier, Martin Winckler, Benjamin Campion, Benjamin Fogel, Thomas Vinau, Laurine Roux, Jean-Baptiste Andrea, Jack Black, Jack London, Nicolas Mathieu, Christian Astolfi, Dimitri-Rouchon Borie, Adeline Dieudonné, Bérengère Cournut, Tiffany McDaniels, John Steinbeck et Pierre-Henry Gomont. Merci François du Tripode. Merci le Tripode tout court.

Merci Francofans, Bibou, Tryo et les Ogres. Merci la Rue Ket', Ben Mazué, Gaël Faye, Anne Sylvestre, Sunhouse, Ryan Adams, Iron & Wine, les Kinks et les Beatles. Merci Billy Wilder, Jack Lemmon et Shirley MacLaine, Kate Winslet, Juliette Binoche, Cécile de France, Chandler Bing, John Carter, Jack Sheppard, Marty McFly, DocBrown, Roger Rabbit et Eddie Valiant. Merci Blueberry et Corto Maltese. Merci Buster Keaton, Charlie Chaplin, Georges Brassens, Gianmaria Testa, les Zoufris Maracas, Gregory Alan Isakov. Merci Haroun, Blanche Gardin, Nans et Mouts, Le 1, L'Huma, Ecosia, Reporterre et SOS Méditerranée.  

Enfin, salut à ceux qui mangent les miettes de croissant, à ceux qui s'endorment en transport, qui regardent par la fenêtre des trains, qui font le code de carte bleue dans leurs têtes au moment du retrait, ceux qui mangent des Kit-Kat au cinéma, qui lisent à l'arrêt de bus au lieu de scroller sur leurs smartphone et salut à ceux qui prennent un deuxième goûter à 22 heures. Merci aux cyclistes, aux buveurs de café noir, aux calembouristes échevelés, aux poignées de mains franches, à celles et ceux qui claquent la bise et aux embrassades. Merci les buveurs de rouge et de pinte. Merci les acrobates, les circassiens, les théâtreux, les musiciens et les artistes de rue. Merci les poètes. Merci à ceux qui se déplacent. Mais à ceux qui s'excusent en se faisant bousculer. Merci à ceux qui disent pardon. Merci ceux qui pardonnent. À celles et ceux qui cherchent un mur pour pleurer, aux bons gens qui doutent, qui ont poussé la porte de ce blog en espérant y trouver une quelconque forme de boussole. À dans le futur.

Placide Boucan

Par Jeoffroy Vincent

Calembouriste ostentatoire, hobbit culturel arborant désormais des cheveux gris (plus sels que poivre d’ailleurs), j’ai fait des études de lettre dans le seul but de devenir skateur professionnel après avoir dévoré la trilogie Retour vers le futur. On a pu me lire dans FrancofansLe Monde des sériesDes séries et des hommes ainsi que sur les innombrables blogs que j’ai ouvert selon mes humeurs. Je mange six fois par jours, j’aime le sucre en dehors de mon café et le mot “clafoutis”.

Autrement, et vous l’aurez compris, j’écris, dans mon coin et surtout pour les autres, depuis que je peux épeler orthographe sans me tromper.

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